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Que des mauvais souvenirs

Les quelques fois où ma maman évoquait son unique voyage à l’étranger et en avion, en Tunisie, le souvenir était toujours le même : le buffet était identique tous les jours et vraiment pas fameux.
Ça me faisait toujours un peu sourire car ce genre de désagréments était le dernier de mes soucis à l’autre bout du monde. Je réalisais que si je voyageais autant, c’était parce que découvrir le monde était bien plus important que les petites concessions qu’il fallait faire. Les mauvais souvenirs étaient soit rapidement surpassés et oubliés, soit transformés en de drôles d’aventures.
Aujourd’hui, dans l’avion qui me mène une nouvelle fois en Thaïlande, j’ai essayé de me rappeler de tous mes mauvais souvenirs en voyage.

Mauvaise pioche.

Les vrais mauvais souvenirs

C’est à Oakland, dans la banlieue de San Francisco, que se retrouvent tous les paumés, les drogués et les sans-abri de la région. C’est aussi à Oakland que se trouvait la chambre la moins chère de la région. Au 6e et dernier étage de ce petit immeuble se trouvait mon lit. Évidemment, l’ascenseur était en panne. Ce qui assurait un spectacle qui semblerait trop gros si il était présenté tel quel dans un film. Chaque palier réservait sa propre surprise : couple qui se battait devant des enfants, junkie en train de se piquer, dealer en train de dealer, prostituée réclamant son argent, mère et son enfant dans un sac de couchage.
Au dernier étage en revanche, pas grand chose à redire, la chambre était propre.

En sortant de l’aéroport de Barcelone avec des amis et une voiture de location, nous sommes suivis par un scooter qui en profitera, une fois la voiture garée, pour très vite briser la vitre arrière afin d’y prendre à l’arraché mon grand sac à dos, heureusement presque vide.

À Milan, après une soirée bien arrosée, au moment de rentrer dans mon utilitaire pour y dormir, la porte ne s’ouvre pas correctement. Dans le déni, je ne réalise que le lendemain qu’il y a eu une tentative infructueuse pour forcer le verrou.

En train de regarder un poulet rentrer dans la cuisine en Indonésie en 2010.

En 2011, alors qu’on est en week-end rigolade à Prague avec une bande d’amis et que l’on doit faire du change, une personne de notre équipe remarque quelqu’un dehors qui propose de meilleurs taux de change sur une petite pancarte qu’il tient entre ses mains. Il incite alors ses copains à se renseigner vers cet individu, malgré la présence d’une blessure toute fraîche au niveau de sa bouche. Quelques minutes plus tard, la transaction effectuée, on remarque des différences flagrantes entre nos nouveaux billets et quelques anciens que nous n’avions pas encore dépensés. Malgré leurs valeurs respectives identiques, ils n’ont pas la même couleur ni les mêmes inscriptions. Le déni ne dure pas longtemps avant de réaliser que l’on a reçu des billets non pas tchèques mais roumains, si mes souvenirs sont bons. Évidemment la valeur indiquée sur les billets est la même mais cela vaut en réalité 10 fois moins d’euros que prévu.

En Bolivie, je suis particulièrement barbouillé en revenant d’une superbe expédition en 4×4 de trois jours du côté du Salar d’Uyuni. Et alors que jusqu’à présent tous les bus sont littéralement des 6 étoiles hyper confortables, je me retiens des heures et n’attends qu’une chose, pouvoir retourner dans un bus pour faire la grosse commission. Sauf qu’au retour, cette fois le bus est totalement quelconque et surtout il y a une très fine grille qui ressemble à une passoire sur la cuvette du toilette, semblant clairement interdire toute tentative de caca… N’ayant pas d’autre choix, je décide malgré tout de faire ma petite affaire et de ne jamais remettre les pieds dans cet endroit.

En Espagne, proche de Valence, le temps de sortir se dégourdir les jambes et faire pipi sur une promenade en bord de mer, la voiture est forcée et un sac à dos est volé.

Dans un mini-van en direction du Machu Picchu, un petit groupe lourdement armés bloque soudainement la route au milieu de nulle part et fouille notre véhicule. Avec mon accident de voiture, c’est l’un des rares moments dans ma vie où j’ai vite réalisé et accepté que je n’avais plus de contrôle sur ma propre existence.

À Malte, je suis invité, mais ma valise n’arrive pas sur l’île en même temps que moi. À Barcelone, je suis invité, mais pour le vol retour mon avion ne peut finalement pas démarrer car il est trop tard pour atterrir à l’heure à Genève. Je passe la nuit sur le marbre de l’aéroport.

nuit aéroport barcelone
Les risques du métier.

Au moment de prendre notre vol low cost depuis la Malaisie pour l’Australie, on réalise avec un ami que l’on a oublié de faire la demande de visa gratuit et on passe 48h comme des couillons dans le même aéroport en attendant le précieux sésame.

Dans un vol entre l’Argentine et le Chili, les turbulences sont si fortes que je vois le stress sur le visage de l’hôtesse de l’air qui s’est assise face à moi. Entre les secousses permanentes, l’avion nous fait faire de petites chutes libres bien intenses et qui remonte l’estomac comme un mauvais manège à sensations fortes. Tout ça dure tellement longtemps que de nombreuses personnes se mettent à pleurer ou à faire leur prière, au milieu des cris de panique des enfants.

Alors que je joue au poker au casino de Barcelone, à quelques centaines de mètres de là, non loin de la mer, ma copine qui se repose à l’arrière dans l’utilitaire sent la voiture bouger. Puis une deuxième fois, comme si quelqu’un essayait de faire rebondir la voiture, probablement pour vérifier si une alarme peut se déclencher. Elle ne peut pas passer à l’avant du véhicule et ne peut regarder que par la lucarne entre le devant et l’arrière de la fourgonnette. Alors, dans un courageux élan, elle se décide à sortir par la porte latérale pour crier de toute ses forces et faire fuire les voleurs. Lorsque je vois son message, je mets rapidement tous mes jetons dans mon sac à dos et sors précipitamment sans passer par la case conversion des jetons en billets.

À Montréal, en sortant du casino avec quelques centaines de dollars en poche, je me retrouve suivi par un individu qui fini par sortir un couteau devant moi.

Les bons mauvais souvenirs

En Thaïlande, l’établissement que j’ai réservé est surbooké et je n’ai donc pas de chambre où me reposer. Entre les bruits, le canapé totalement inconfortable que l’on m’a proposé en dépannage, les moustiques et la chaleur, je ne dors pas de la nuit. Pourtant, le lendemain, alors que je commence ma journée par une dizaine de kilomètres à pied, c’est quand même la vie de rêve.

En Crète, j’ai accepté de participer à un reportage pour TF1 et l’émission Sept à Huit. Mais alors que l’équipe doit arriver dans quelques minutes pour me rencontrer et commencer à filmer, je suis dépité, démotivé et je ne sais pas où je vais dormir dans quelques heures. Je reçois alors un coup de téléphone…

En Australie, on s’engage sur une route de terre avec notre van sans savoir que bientôt vont s’abattre des pluies torrentielles et que la route derrière nous va être coupée par un courant d’eau.
La nuit passée, on essayera d’avancer, au milieu de nulle part, régulièrement coincé dans la boue à essayer tant bien que mal de pousser notre van, sans internet, ni réseau, ni gps, avant de commencer à perdre espoir…


En Thaïlande alors que nous sommes embourbés sur une route de terre et que je ne sais pas vraiment conduire un scooter, je pars dans le décors en démarrant le scooter sans faire exprès, filmé par mon camarade d’aventure. Quelques instants plus tard, c’est lui qui enfonce son scooter dans la terre et nous partons dans un grand fou-rire.

J’ai réussi à ne pas payer de supplément malgré les rayures.

Au Vietnam, en partant pour un simple voyage en bus de nuit, on se retrouve finalement petit à petit entassés dans un mini-van à 28 au lieu de 16 et on essaie de nous escroquer pendant un long trajet rempli de péripéties.

En Thaïlande, après avoir vraiment failli louper mon vol à cause d’un paquet de frites, je suis vraiment incapable de me rappeler le nom de l’établissement où j’ai réservé ma nuit et je galère toute la soirée pour m’en sortir.

À Las Vegas, alors que je suis dans une mauvaise condition physique, je me fais une grosse foulure à la cheville en rentrant le soir en courant avec des amis direction l’hôtel. Il me faut 30 minutes pour faire les quelques mètres jusque dans ma chambre. Au vu de la boule, tout le monde me parle d’entorse et de rester immobilisé. Le surlendemain, je vais chercher à 45 minutes à pied et malgré la douleur, la canne la moins chère du Nevada afin de retourner jouer au poker, motivé comme jamais.


Voilà, j’imagine que j’ai forcément oublié d’autres souvenirs un peu difficiles. Et c’est sans compter les nombreuses pertes de lunettes ou d’objets plus précieux ou même le vol de mon appareil photos en montant dans un métro en Chine. Mais si jamais vous souhaitez décourager quelqu’un de partir pour de longs mois de voyages, vous avez maintenant un bon condensé de mauvais souvenirs à envoyer comme exemple.

Cet article a été écrit pendant un vol de 10 heures et finalisé pendant une escale glaciale de 9 heures. À l’arrivée à la douane chinoise j’étais hyper fiévreux et j’ai bien cru que j’allais resté en quarantaine. Il reste maintenant 5 heures de vol et ce sera le premier surclassement en Business Class de ma vie.

Finalement, ce sera un bon ou un mauvais souvenir ?

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