• Menu
  • Menu

J’ai acheté du terrain, une source… et une maison.

Quand j’avais tout juste la vingtaine, j’étais bien loin d’imaginer que j’allais voyager presque à temps plein pendant plus de 10 ans. En revanche, j’imaginais déjà développer mon autonomie en achetant une maison avec au minimum un hectare de terrain et idéalement avec 5 chambres pour faire maison d’hôtes, en couple, avec un crédit et un budget maximum de 300k. Tout un programme.

Année 2015

Il y a un peu plus d’un an, j’achetais à un bon prix un Dacia Dokker Van, petit utilitaire rapidement aménagé afin de pouvoir dormir à l’intérieur plusieurs semaines d’affilée. J’appréciais de nouveau ma solitude, presque autant que pendant l’enfance. Et en faisant mes premiers kilomètres de route, j’ai retrouvé cette sensation de plaisir et de liberté qui avait un peu disparu à force d’enchainer les voyages classiques. Je partais avec entrain, sans prévoir ni véritable destination ni date de retour.
En réflexion sur la route, accompagné par les beaux paysages des départementales françaises et sans les idées noires qui se présentent au moment de dormir, j’ai réalisé une chose : même si je trouve ma maison de rêve dans le sud de la France, jamais je ne serai satisfait d’y passer toute l’année. Je ferais donc mieux de chercher quelque chose de moins cher, pour les beaux jours, les six à neuf meilleurs mois de l’année maximum.
Une fois cette étape franchie, tout était devenu évident pour moi. J’ai rapidement éliminé de l’équation le sud (trop chaud l’été) et le nord (trop au nord), et j’ai laissé tout le reste de la France dans mes recherches.
Le budget ? 100k grand maximum pour avoir encore de l’avance pour les travaux… et aussi pour rester libre en cas de besoin de départ. J’ai réduit mon critère de 1 hectares de terrain minimum à seulement 5000m2 minimum. Pour la maison je n’avais pas spécialement beaucoup d’attente, c’était surtout l’environnement extérieur qui comptait et qui ferait la différence.

Trouver des maisons perdues en France à moins de 100k est plutôt facile, on voit même de très belles choses. Mais lorsque l’on ajoute le critère du grand terrain attenant, c’est déjà beaucoup plus compliqué. Rien ne sort du lot au point d’envisager de faire plusieurs heures de route pour une simple visite et je m’imaginais devoir être patient sûrement plusieurs mois, peut-être même plusieurs années, avant de trouver ma perle.
La remarque qui revenait souvent quand je parlais de mon critère de terrain était “Mais comment tu vas tondre 5000m2 de terrain ?” comme si avoir un terrain se résumait à devoir le tondre. Cela me faisait plutôt sourire car dans mes rêves, l’extérieur ressemblait plutôt à un jardin naturel ou un jardin sauvage. Et si j’étais un peu plus ambitieux, je pourrais même dire que je rêvais d’un jardin forêt (pour les plus curieux : https://youtu.be/uhESenZyrT0). On était en tout cas bien loin de la pelouse parfaitement entretenue.

Et puis un jour, une annonce est sortie un peu plus du lot que les autres. C’était une maison de 100m2 avec deux chambres de 12m2, une grange tout aussi grande avec en dessous une pièce et des écuries, une source pour l’eau courante, un puit, une petite dépendance et 5000m2 de terrain dont la majeur partie était libre de tout voisinage et avec un joli panorama.
Prix : 59000€.
Ce qui m’a vraiment poussé à prendre rendez-vous et faire les 6 heures de route, c’est la visite virtuelle que je n’ai pourtant pas remarqué tout de suite sur l’annonce.

Journée déchetterie.

La visite en réel fut exactement comme la virtuelle. La zone aux alentours avait vraiment du charme. C’était la campagne à l’état pur.
J’ai demandé à l’agent immobilier si les vendeurs étaient pressés de vendre afin de négocier.

Ils le sont, ils ont voté pour le Brexit et se retrouvent un peu embêtés avec leur maison. Leur retraite aura aussi lieu plus tard que prévu. Mais j’ai déjà 4 visites par semaine programmées pendant un mois. Ils ont acheté la maison 65k il y a 4 ans. Si vous voulez faire une proposition, je pense qu’il ne faut pas descendre en dessous de 57k.

C’est la proposition que j’ai faite le soir même et qui fut acceptée deux jours plus tard. Le jour de la signature, l’agent immobilier m’indiqua qu’ils avaient eu une offre au prix pendant le compromis.

Premiers gros coups de pelle début octobre 2021.

Dans ce hameau, la route goudronnée et l’éclairage public s’arrêtaient juste devant la maison. Elle n’avait à mes yeux qu’un seul défaut sur le long terme, il fallait passer par la salle à manger pour trouver la salle de bain. Il y avait bien sûr un autre inconvénient principal évident : tout ce qui ressemble à une zone avec des magasins est à 25 minutes de route. Pour une tête en l’air comme moi, il fallait faire attention à ne pas oublier un pot de peinture ou de cornichons. En contrepartie, deux à trois fois par semaine, la boulangère passe devant la maison avec son camion et me met bien avec ses pâtisseries.

Fin de route goudronée en vue.

Ayant signé pour de bon fin août, j’ai finalement plus avancé l’intérieur que l’extérieur, en commençant par la cave et la salle de bain. J’ai toujours eu le sens des priorités. Je me suis laissé aussi un peu de temps pour appréhender le terrain et les éléments (les vents, l’exposition au soleil…) et puis il faut aussi reconnaître que de partir d’un terrain tout vide c’est un peu intimidant. Ce qui ne m’a pas empêché de planter par-ci par-là pas mal de choses (framboisiers, cassissier, myrtilliers, amélanchiers, poiriers, cerisiers, argousiers et divers arbustes) avec son lot de réussites et d’échecs.
Au programme aujourd’hui, finir la mise en place de l’arrosage automatique et repeindre en noir le bureau que le voisin m’a gentiment donné et livré en tracteur l’année dernière. Tout un programme.

«Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de l’identité, et les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue.»

Mythe mélanésien de l’île du Vanuatu

Laisser un commentaire