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rencontres las vegas Paris

Rencontres pittoresques à Las Vegas

21h30 – Poker room du Venetian

Au milieu d’une session poker de quasiment 11 heures, il y avait l’élection en cours de Donald Trump et ce qu’on appelle au poker, un fish. Autrement dit, un poisson parmi les requins dont j’espérais faire partie ce soir là.
À quoi reconnaît-on un fish ? Régulièrement, au fait qu’il arrive en short et t-shirt (car il fait 30° dehors) mais qu’il n’a rien prévu contre la clim, toujours trop présente à l’intérieur des casinos. On peut également le repérer à sa façon de manipuler les cartes ou les jetons et au fait qu’il est clairement là pour passer du bon temps. Et, si possible, qu’il commande beaucoup d’alcool sans vraiment savoir jouer. Un fish est encore plus facile à reconnaître lorsqu’il découvre les règles sur place et demande à la table si la suite est plus forte que le brelan (ce qui sera le cas le lendemain, merci petit chinois pour tes 150$).
Notre fish ce soir est supporteur de Donald Trump, ce qui pourrait être en soi un indice suffisant, j’en conviens. À chaque nouveau point sur les résultats au niveau de la Floride (qui semblaient rapprocher Trump de la victoire), il exultait avec toujours la même fougue et la même expression, “that’s faaantaaastiic !”, qu’il répétait plusieurs fois avant d’applaudir de bon cœur.
Certes, au premier abord mon poisson ne semblait pas forcément être une lumière. Mais ce n’était rien en comparaison avec le changement qui s’est opéré aux alentours du 6 ou 7e verre de Chardonnay. Soudain, tous ses mouvements s’étaient ralentis et il semblait faire un effort lors de chaque geste. La personnalité extravertie qui n’arrêtait pas de parler à la table avait laissé place à ce qui ressemblait à un jeune enfant particulièrement timide, qui hésitait avant chaque décision et regardait le croupier avec gêne afin d’être sûr qu’il ne faisait pas d’erreur, comme si il avait peur de se faire réprimander.
Évidement à la table tout le monde s’est tut lorsqu’il a retourné par inadvertance ses cartes alors que la main n’était pas terminé. Mon voisin asiatique et moi même avons plaidé en sa faveur tandis que le croupier, complice, nous glissait discrètement “je comprends que vous vouliez qu’il reste à table !”.
Je ne pourrai malheureusement lui sous-tirer qu’un pot d’une centaine de dollars. Il se retirera quelques minutes plus tard, ses jetons dans une main et son 8e verre de chardonnay dans l’autre. L’expérience des grands champions, sans aucun doute.

mai tai poker room venetian
Mai Tai et poker

08h45 – Petit déjeuner au Super 8

Déjà plus d’une semaine que je suis de nouveau à Las Vegas.
Tous les matins, je me demande qui sont ces gens qui boivent déjà des bières au bar (elles ne coûtent qu’un dollar si l’on joue ne serait-ce que quelques centimes) et pire encore, qui jouent seuls au Black Jack à 5 ou 10$ la mise, devant des croupiers mal réveillés ou peut-être impatients d’aller se coucher.
En supplément aujourd’hui, il y a même une folle qui a réussi à ouvrir une machine à sous et la regarde en penchant la tête de droite à gauche comme si elle était en train de résoudre une énigme. Je ne lui donne pas 5 minutes avant de faire connaissance avec la sécurité.
Quelques instants avant, un inconnu s’était incrusté avec moi pour pouvoir profiter du petit-déjeuner. “On est ensemble aujourd’hui” m’avait-il glisser rapidement alors que je venais d’arriver au niveau de la file d’attente. Pour la première fois l’hôtesse m’avait demandé combien de personnes partageaient la chambre lorsque je montrais ma carte. J’avais simplement répondu “Two”. Un joli bluff qui était passé sans problème. Mais une réponse qui ne méritait apparemment même pas un merci. Sans dire un mot, mon nouveau compagnon s’était rapidement installé à une table à l’autre bout de la salle. J’imaginais en souriant que l’hôtesse devait considérer que nous étions simplement un peu brouillés ce matin. Je ne fais pas la fine bouche. La chambre est correcte, le tarif est OK et l’emplacement est idéal pour rejoindre la Poker Room du Bellagio.

17h45 – Proche de la tour Stratosphère

En cette fin d’après midi, j’étais parti pour 1 heure 40 de marche en direction d’une auberge pour le week-end. Comme toute la Californie se ramène en fin de semaine pour faire la fête à Vegas, les hôtels sont trois fois plus chers. Alors qu’il faisait encore jour, j’avais croisé un fou, accompagné de son caddie, en train d’engueuler et d’essayer d’écraser, à l’aide d’une bible, une mouche a priori fictive (en tout cas je ne la voyais pas aussi bien que lui) au niveau d’une flaque d’un vin rouge qu’il venait de renverser. Jusque là, rien de très incroyable dans la région.
Mais il m’a fallu ensuite quelques secondes avant de réaliser ce qui était passé, de nuit, sous mes yeux.
Un cul-de-jatte.
Un cul-de-jatte avec une longue barbe sur un skateboard.
Mais un skateboard tuning avec un néon multicolore sous sa planche.
Oui, voilà, j’ai vu un cul-de-jatte barbu se déplaçant à vive allure sur un skateboard tuné. Embarcation qu’il propulsait, logiquement, à la force de ses bras.
Je dois reconnaître que j’ai été tenté d’immortaliser ce moment. Mais le bougre doit en avoir l’habitude. Alors que je dégainais mon téléphone, il s’est retourné avant de m’adresser quelques remarques que je n’ai pas vraiment réussi à déchiffrer, ponctuées d’une dizaine de Fuck You. Il voulait certainement me dire quelque chose comme N’y pense même pas, jeune inconnu !...
Bon OK, cela avait plutôt l’air de vouloir dire Vas bien te faire sodomiser, espèce de sale connard. A+.
Et l’idée que ce cul-de-jatte puisse transformer sa planche de skate en projectile destiné à mes testicules m’a légèrement refroidi. La route était encore longue…

Stratosphere Tower Las Vegas
Tour Stratosphère, 350 mètres

09h50 – Réveil à l’auberge

Mes deux seules nuits de ce voyage en auberge.
J’ai fait la rencontre d’un brésilien qui ne parle absolument pas plus de 2 mots d’anglais. Hier soir, il était rentré à 23 heures, m’avait fait un check avant de s’étaler sur son lit et de ronfler quelques instants plus tard.
Ce matin, alors qu’il est de retour dans la chambre après une petite heure d’absence, je comprends difficilement ce qu’il essaie de m’expliquer mais avec l’odeur d’alcool qui l’accompagne, j’en déduis qu’il n’était pas sorti pour faire un footing. En fait, il souhaite que je lui réserve une nuit de plus car son téléphone est mort et à l’accueil on lui aurait dit qu’il n’y avait plus de place. Je fini par accepter après avoir demandé qu’il paie d’abord. Au moins le taux de change est en ma faveur. Une fois la réservation validée, il souhaite descendre avec moi pour être sûr que tout est OK mais je lui explique, avec Google Traduction, que parfois, les réservations prennent un peu de temps à arriver. Et c’est finalement après m’avoir dit OK à l’aide de son pouce, qu’il s’est décidé à grimper difficilement sur le lit superposé puis de se mettre à ronfler quelques instant plus tard.
En partant de l’auberge pour l’après midi, je décide d’expliquer la situation à la réceptionniste qui m’apprend qu’en réalité ils n’ont pas voulu de lui car en plus d’être toujours bourré, il se comporte de manière… bizarre. Ce n’est pas une très grande surprise.

-Pas de problème, on lui rendra son argent mais il n’est plus accepté ici.
-Pas de soucis ! Mais dans le doute, n’espérez pas me revoir avant tard ce soir…

Las Vegas Hostel
Las Vegas Hostel

21h30 – Au croisement entre Koval Line et Tropicana

-Hey mec tu veux de la drogue ?
-Non, merci
-T’es français ?
-Oui
-À force de faire du commerce je reconnais toutes les origines, mec !
Italien, anglais, français, belges, enfin belges c’est pareil que français ! Et aussi les russes… C’est les pires les russes, mec ! T’es sûr que tu veux pas de l’herbe ? Une salope ? T’as vu devant, c’est ma salope ! Elle est cool ! Tiens, sens l’herbe !

Il me met sa beuh plus ou moins sous le nez. Je me sens alors obligé de faire un petit effort pour la renifler. Devant lui, il y a effectivement une fille et elle a l’air de faire la gueule.

-Ça sent bon.
-T’en veux pas ?
-Non, je peux pas à cause de mon cœur.
-Quoi ?
-Je prends des médicaments…
-… ?
-Crise cardiaque ! Lui dis-je en tapotant de la main droite sur ma poitrine.

Pour prouver ma bonne foi, alors que nous commençons à traverser le passage piétons, je lui montre mes petits comprimés de Propranolol qui traînent dans ma sacoche, tout en regrettant d’avoir entretenu la conversation.

-Oh mec, tu sais que mon frère est mort comme ça ? Il a tué un type. Et puis ces bâtards de russes ils l’ont choppé. Ils l’ont électrocuté tu vois. Le cœur a pas tenu le choc. C’est ce que m’ont dit les flics. New-York c’est chaud mec ! La mafia…

Nous arrivons à la fin du passage piétons et j’espère qu’il continuera tout droit tandis que je prendrai sur la droite. Qui sait combien de membres de sa famille il a pu encore perdre…
Alors qu’il semble vouloir poursuivre tout droit, je lui indique que je vais vers la droite et nous nous souhaitons bonne route en nous cognant rapidement nos poings droits, indiquant notre respect mutuel.

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