Rejoindre la mer à vélo : 638 km en 6 jours

Quand je croupissais réfléchissais dans ma chambre d’hôtel, pendant mes 2 mois de poker à Las Vegas, j’imaginais une petite aventure en vélo. Ce qui me plaisait, c’est que je n’aime pas vraiment le vélo et que je n’avais tout simplement jamais fait de vélo de course. Je me demandais si c’était trop ambitieux de vouloir partir, sur un coup de tête, et faire plus ou moins 500 kilomètres en une semaine afin de voir la mer. Partir avec un gros sac à dos, peut-être sans tente et sans forcément savoir oú dormir…
En tout cas, je trouvais l’idée marrante mais je n’arrivais pas à motiver mon binôme de voyage qui avait peur de l’abandon. J’étais certain de pouvoir arriver tant bien que mal à faire au moins 50 kilomètres par jours quitte à étaler le défi sur quelques jours de plus. Je n’avais pas vraiment conscience de la difficulté puisque je pensais au départ faire le trip en VTT…
C’est juste un jour avant de se lancer que l’idée d’acheter de louer gratuitement des vélos de course nous a définitivement motivés. Le lendemain matin nous achetions donc les vélos (dans l’idée de les rendre une dizaine de jours plus tard, pas satisfaits de l’achat) accompagnés d’un 2e ami, excité par le projet et plus spécialiste en vélo. Départ dans la foulée en t-shirt et baskets, prêt à relever le défi…
Si vous préférez les images : Rejoindre la mer en vélo : la vidéo

sur-la-route
Avec la météo de notre côté.
chateau avully
Le fameux Château d’Avully.

Jour #1 : ça s’annonce compliqué

95 kilomètres au lieu des 75 prévus pour arriver à Annecy. Après un itinéraire mal appréhendé par mon équipe technique, rempli de belles bosses. Pas facile. On se rend vite compte que l’on est pas capable de tenir la distance dès que ça grimpe trop. Binôme voit rouge et envisage un temps l’abandon. Je suis pas loin d’être dans le même état que lui mais une envie d’aller au bout du défi me fait garder le sourire et ma motivation. La sienne reviendra également assez vite. Du côté de Nico, le spécialiste, tout va bien.

Abandon-Ramirou
J #1 Yohan au bord de l’abandon.

Jour #2 : réveil au bord du lac d’Annecy

Lac annecy sac de couchage
Réveil dans le sac.

Puis changement d’itinéraire, en route on nous a conseillé la viaRhôna (piste cyclable encore incomplète qui longe le Rhône jusqu’à la méditerranée) et l’on a décidé de se diriger vers Lyon où lits et douches étaient assurées. La suite du parcours en direction de la mer serait ainsi plus à notre niveau. En tout cas, de superbes paysages le long de la viaRhôna, notamment du côté de Chanaz. Puis nouvelle nuit à la belle étoile après 74km (15 de plus pour l’idiot qui écrit) et un barbecue improvisé avec cuisson sur pierres. Douleur au genou, sac de 70l qui pique un peu mais la mer toujours au programme.

ronaz2
Ronaz
ronaz
Ronaz c’est validé.
barbecue
Barbecue improvisé.

Jour #3 : passer à l’improviste

PausePiscine
Un plouf pour la collection.

Pour passer à l’improviste chez des amis, c’est important dans le cyclisme. Surtout le cyclisme très amateur. Et c’est finalement une étape de 120 kilomètres pour rejoindre Lyon. Pas facile, surtout la dernière heure avec la circulation en ville. Pour finir en beauté, 300 mètres avant l’arrivée, la roue arrière de Nico se détache et c’est la chute. Guidon tordu, roue voilée, c’est l’abandon forcé. Au revoir champion.

Hameau de Montcul vélo
Hameau de Montcul sur la commode.

Jour #4 : direction Romans-sur-Isère

Où l’on nous avait gentiment proposé de nous héberger la veille. On échappe de peu aux orages mais 80 kilomètres particulièrement difficiles, toujours en train de batailler contre le vent. Puis atterrissage dans un appartement rien que pour nous, avec deux lits, libéré à distance grâce à Julien (tour du monde et BMX) qui m’avait contacté via ma page Facebook.
Tout ce vent m’a surtout rappelé une vidéo qu’on avait tournée à la va-vite en Australie en 2010 :

Jour #5 : grosse étape de 136 km

Dont 30 kilomètres en faisant la grimace, avec un genou sur le point de décéder mais un hôtel F1 de grand standing venait d’être réservé. Pas question donc de craquer. Les 500 kilomètres (pour le prestige) étaient alors déjà validés. Techniquement, on pouvait largement imaginer voir la mer le lendemain en fin de journée.

saint-vallier
Montélimar ?
DSC04662
Un peu de soutien de la nature.
F1 repos 6 jour en vélo
Un dodo et ça repart.

Jour #6 : c’est tout droit

Après une trentaine de kilomètres de détours (sans carte et sans batterie pour le GPS de l’iPhone), arrivée au Grau du Roi à 22h00 après 137 kilomètres dans la journée. Et la mer ; de nuit. Une dernière heure particulièrement difficile à cause d’une fatigue accumulée et d’un genou pas loin de déclarer forfait pour de bon. L’autre genou n’avait pas plus envie que ça de pédaler pour deux mais a fait le job. Et après 638km en 6 jours, le défi est réussi. C’est tout ce qui compte.

une semaine en vélo, dernière heure
Le Grau Du Roi pieds vélo
Jour 7 : Mes pieds victorieux face à la mer.

Et le retour ?

Finalement, après deux jours sur place, 1 heure de train direction Nîmes pour rendre les vélos et se faire rembourser (avec un peu de pleurniche), le tout enchaîné avec un retour en covoiturage, plutôt satisfait d’avoir réussi mon petit pari. Par contre, je n’aime toujours pas spécialement le vélo.

L’itinéraire des 638 kilomètres à vélo

Thibaut schweppes
Thibaut schweppeshttps://letourdumondedemespieds.fr/gamin-voyageur-2/
Passionné par les parcs d'attractions, le catch et les road trips à travers le monde, je voyage plusieurs mois par an depuis 2009. Retrouvez moi sur Instagram.

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La section commentaires

  1. Bien joué pour un novice Thibaut!
    Les paysages valent le détour (et le camping sur le Paquier à Annecy m’intrigue!), mais c’est marrant, ça ne m’attire pas autant que la petite baladounette que je me suis faite fin juin au bord de la Loire…
    J’ai bien l’impression en tout cas que tu ne retenteras pas l’expérience vélo dans un futur proche!

    • Merci ! Le “camping” c’est assez simple, il était 22h et on était fatigué alors à un moment donné il fallait bien poser nos sacs de couchages. 😉
      Non c’est vrai que pour le plaisir le vélo c’est toujours pas mon truc mais pour visiter les châteaux de la Loire…

  2. Bravo ! Mais pourquoi n’avoir pas pris des vélos de cyclotourisme avec un porte bagages arrière pour mettre 2 sacoches ? Cela aurait été plus pratique que vos sacs à dos à porter …

  3. Sensass!!! C’est vraiment pas évident. Je voulais pour mes vacances d’hiver faire du vélo mais pas autant!!!! En Décembre, je préfère aller saluer le Père Noel… Plus luge que vélo! Congrats

  4. wow ! bon pour mes vacances d’été j’envisage de rejoindre Saint Malo en partant de Belfort (oui oui la ville des eurockéennes) et je me demandais si la cadence était difficile a tenir et si en VTT c’était équivalent niveau confort ? en tout cas chapeau les mec !!

    • Salut Sarah et merci 😉 La cadence, c’est toi qui choisis au final (si tu as le temps). Par contre, même si au final je n’y connais rien, je sais tout le monde sera d’accord pour te déconseiller le VTT. Tu vas vraiment faire plus d’effort et avancer beaucoup moins vite.

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