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loser voyageur

Voyage : de l’extase au calvaire, il n’y a qu’un pas.

J’étais normalement parti pour vous parler un peu de mon voyage imprévu en Uruguay mais en fait ce que je vais vous raconter ici n’a rien à voir. Quelques accumulations fâcheuses en l’espace d’une journée, c’est tellement plus rigolo ! Ou comment passer du statut de roi du monde à celui de loser international.

Tout juste monté dans le bus en direction de Montévideo je m’imagine déjà en train de regarder un film sur mon disque dur externe pendant une partie des 4 heures de trajet qui s’annoncent. A ce moment précis, le tour du monde se passe plutôt très bien. On va me conduire comme un prince à bord d’un bus tout confort jusqu’à la prochaine destination. Il fait beau, loin des tracas du quotidien, du mauvais temps français et de la crise internationale. La vie continue et de manière très agréable. Dans quelques jours, je serai au Chili. Je suis le roi du monde.
Sauf que le roi se rend compte à cet instant qu’il a probablement oublié son disque dur à l’auberge car il l’avait coincé (et donc caché) entre le matelas et le mur pendant la nuit, trop faignant fatigué pour aller le ranger dans son sac. Vérification faite, après avoir enlevé l’appareil photo du sac, le disque dur n’est pas là et le bus s’en va dans 2 minutes. Bon, c’est énervant mais pas si dramatique. Ce n’est qu’un petit disque dur externe qui contient tout un tas de documents présents nulle part ailleurs, rien de trop grave (je suis dégouté). Mon gros disque dur externe est encore dans mon autre sac.

Quelques heures plus tard, arrivée dans une nouvelle auberge qui a l’air encore une fois très sympathique. Mon petit sac à dos semble bien vide et léger une fois posé sur le lit. Quand je pense que je l’ai trouvé léger pendant les 25 minutes de marche en direction de l’auberge… En fait, en vérifiant que j’avais bien oublié mon disque dur externe dans le bus, j’ai aussi bien oublié de remettre l’appareil photo dans le sac. Cette fois, je suis très dégoûté.
Après 10 minutes sans la moindre réaction, je me décide finalement à aller me balader du côté de la gare, histoire de prendre des nouvelles de mon appareil photo. Je pars avec un billet de 200 pesos en poche (l’équivalent d’un peu moins de 10€), bien décidé à festoyer après mon probable échec à la gare.

Pas spécialement pressé au départ, je traîne le pas, persuadé que mon appareil fait déjà un heureux. Et puis j’ai faim. Mais rapidement je me décide à courir, certainement plus pour me défouler que pour arriver le plus vite possible sur place.
Au bout de 5 minutes, alors que je viens de ralentir ma course, je croise un mec un peu louche. Le genre de mec qui a l’air de passer ses soirées à chercher des problèmes pour s’occuper. Et sur le chemin en arrivant vers l’auberge, un individu m’avait déjà interpellé une première fois. Du genre la main sur l’épaule, avec une phrase qui voulait certainement dire : “Salut mon pote ! Comment ça va ? Ouais, c’est vrai t’as raison, on s’en fout. Donne moi juste un peu d’argent” que j’avais contré avec un “No hablo espagnol”, pas spécialement d’humeur à converser. Il avait continué à me suivre quelques mètres avant d’abandonner. Je ne suis pas sûr à 100% que c’est le même gars cette fois, mais ça y ressemble. Il m’a d’abord laissé passer devant lui avant de mettre sa main sur mon épaule. J’ai pressé le pas en faisant mine de ne pas être sensible à ce genre de contact physique. La deuxième tentative fut un peu plus agressive. Je n’ai rien trouvé d’autre à faire que de dire “No hablo espagnol” avant de me remettre à marcher très vite. Maintenant il me bouscule.
Pourquoi je ne cours pas ? Je me retourne pour le regarder dans les yeux avant de reprendre ma route. Il s’est arrêté, je l’entends crier une première fois dans mon dos, puis une deuxième fois. Et bizarrement à la deuxième sommation, je m’arrête pour me retourner dans sa direction. En fait, même si j’aurais pu très vite le distancer, j’ai peur d’un coup de couteau dans le dos. On dit non à quelqu’un et il sort son couteau dès que vous avez le dos tourné. C’est une image qui revient souvent dans mon esprit. Toujours est-il qu’il continue de parler et se rapproche de moi maintenant que je n’avance plus. Et plus il avance face à moi, plus je me dit que la première chose que je ferais lorsqu’il sera à ma hauteur, c’est de frapper sans réfléchir. J’en suis persuadé.
Ce genre d’événement arrive tellement vite. Peut-être qu’en fait j’ai fait exprès de le laisser revenir à ma hauteur… Je ne suis pourtant pas du genre à être sûr de moi lorsqu’il s’agit de se battre. Ni du genre à chercher la bagarre. La preuve, j’en parle comme un enfant de dix ans.
Maintenant arrivé à ma hauteur, il parle toujours tout seul tandis que mon poing, que je tenais déjà serré depuis 30 secondes se dirige vers son visage. Il n’a rien vu venir. Le coup est plutôt propre mais pas assez puissant pour le mettre à terre. Il faut qu’il tombe. J’enchaine comme si de rien n’était avec une deuxième droite. Cette fois je suis beaucoup plus timide. Je n’ose plus faire mal. Dans le doute, en marquant une pause, j’ai pris un léger coup au niveau de la lèvre, je ne sais trop comment. Un vague geste de défense de sa part. Il est sonné mais je veux qu’il tombe. Je fini par le pousser à terre avant de me remettre à courir.
A cet instant, je ne sais déjà plus vraiment pourquoi j’ai fait ça. Il fait nuit mais il doit être à peine 18h45. A cet endroit précis je n’ai remarqué personne mais il y a du monde dans les rues. Lorsque j’arrive au niveau de la grande avenue que je devais rejoindre, je fini par m’arrêter de courir. Comme à chaque fois après m’être “battu”, je tremble comme un malade de Parkinson. Souvenirs d’enfance.
Au bout de 15 minutes de marche, j’arrive enfin sur place. Je connais déjà les lieux et le guichet de la compagnie n’est pas difficile à trouver. Ma main qui vient de s’agripper au guichet pour m’aider à tenir debout, s’agite toujours autant.

— Ola, do you speak english ?
— Mas o menos
— I lost euh.. I forgot my camera in your bus !
Je lui donne mon ticket de bus.
— … ?
— En el bus… Mi camera !

Foutu pour foutu, je commence alors un mime de toute beauté, ponctué d’un “clac clac” censé évoquer le bruit de l’appareil photo. Avant de conclure avec un dernier “camera !”. Et maintenant que j’y repense, mon appareil photo invisible était plutôt cool car j’agitais (bêtement) les doigts des deux côtés pour prendre des photos.
Toujours est-il que “Clac clac, camera !” à l’air d’avoir fait son effet car le monsieur semble enfin m’avoir compris. Il se dirige vers le téléphone puis me demande de patienter 5 minutes tout en me dévisageant rapidement de bas en haut. Je tremble toujours comme un toxico en manque. Mais maintenant c’est surtout au niveau des jambes. Si j’avais l’équipement nécessaire, je pourrais jouer des claquettes sans aucun effort. Il s’arrête plus longuement au niveau de mon épaule. Ah oui tiens c’est marrant, j’ai deux taches de sang rondes au niveau de l’épaule gauche. C’est très rigolo dis donc, on dirait une morsure de zombie. En fait en courant je me suis essuyé (bêtement) avec mon pull.
Il est 19h00, c’est incroyable tout ce monde qui fait la queue pour un ticket de bus et qui par la même occasion m’observe du coin de l’œil.
Quelques longues minutes plus tard j’ai finalement la confirmation que mon appareil n’est plus présent dans le bus. Merci, au revoir.

Sur le chemin du retour, je ne me suis arrêté à aucun des deux McDonald’s sur ma route. Trop de gens plus motivés que moi pour faire la queue. Je n’ai même pas flambé mon billet de 200 pesos. Et pour être sûr d’être un loser jusqu’au bout, j’ai décidé d’acheter de quoi nettoyer mon pull. Ce qui me semblait être un gel concentré pour machine à laver s’est révélé être en fait un gel à l’eau de javel. Javel bien connue pour ses propriétés décolorantes. Mon Pull à capuche gris a maintenant de belles traces roses un peu partout. Ne me demandez pas pourquoi. Enfin, je voulais illustrer cet article avec une photo de mon pull mais pour terminer en beauté ce festival de la loose, je viens de me rendre compte que mon téléphone portable est bloqué après 3 mauvaises tentatives de code PIN. Je sais que j’avais commencé à le rallumer un peu avant de me chamailler dans la rue. Entre temps j’ai dû tenter des codes PIN sans faire exprès en courant…

Voilà, voilà!

La… vie continue.

Edit du 17/08/2013 :
J’ai finalement récupéré mon disque dur externe à la gare. L’auberge me l’a renvoyé par bus. Aucune nouvelles de mon appareil photo mais j’ai pu débloquer mon téléphone avec le code PUK fourni par mon service parental.

Livraison-bus Pull

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