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Soirée agitée à Surfers Paradise

Nous sommes en Janvier 2010, en Australie, et cela faisait depuis près d’un mois que je voyageais (et dormais) à bord d’une Toyota Corolla, en compagnie de Yohan et Julien. Deux individus qui, contrairement à moi, dépassent le mètre quatre-vingts.
Ce soir, nous allions refaire en groupe une tournée organisée des bars et boites de Surfer Paradise, avec boissons et entrées comprises (et gommettes vertes pour les célibataires). La première soirée de ce genre s’étant plutôt bien passée sans coûter très chère, c’était en toute détente que nous avions prévu de rejoindre notre véhicule une nouvelle fois un peu plus tard dans la nuit. L’ambiance était conviviale, les filles étonnamment chaleureuses.
Ce soir ne dérogeât pas à la règle. L’allemande ou la suissesse m’avait plaqué au mur pour m’embrasser tandis que la suissesse ou l’allemande s’était secouée sensuellement autour de mon bas ventre. Tout ça, sans avoir à jouer des coudes ni même à faire de premier pas et ce, malgré un t-shirt des plus discutables.

surfer paradise danse
Avoir la tête dans les étoiles.

L’Allemagne ou la Suisse ? Julien et Yohan ont désormais disparu. Je m’assois quelques instants au bar pour y réfléchir et surtout pour me reposer. Au deuxième étage, l’ambiance est un peu plus calme. C’est alors qu’une jolie brune me rejoint. J’ai l’impression d’être dans un film. Oui, il n’y a d’habitude que dans les films où une belle hollandaise vient vous rejoindre au bar, un verre à la main pour engager la conversation. Sauf qu’aujourd’hui, le film est en VO non sous-titré et qu’il y a beaucoup de bruits dans la salle. En grand spécialiste de la drague, j’évite le « Salut je m’appelle Thibaut, j’habite avec deux potes dans une voiture depuis 1 mois ! ». Et tandis que la conversation en anglais se poursuit, j’aperçois du coin de l’œil la suissesse (ou peut-être l’allemande) discuter avec sa copine dans un coin de la boite. Alors que la brune me propose d’aller danser, la blonde est en train de déchanter. Foutu pour foutu, j’accepte de rejoindre la piste mais je suis fatigué et la vérité c’est que je pense à quelqu’un d’autre. A cette époque, tel un grand romantique, j’avais commencé une conversation épistolaire 2.0 avec une ancienne camarade de classe. J’en parle comme si tout ça remonte au CM2 mais en réalité nous étions au lycée ensemble. Et 3 ans après cette soirée, c’est un tour du monde que l’on fera ensemble.

road trip australie
Viens chez moi, j’habite avec des copains !

C’est donc finalement avec un Happy Meal américain que je me retrouve pour la suite de la soirée. Le McDo étant l’endroit le plus évident à l’époque pour trouver une connexion Wifi.
Pendant que j’écris mon mail, dans le restaurant d’en face les chaises volent dans tous les sens. Et au milieu, il semble y avoir quelqu’un avec un taser. Tout d’un coup, alors que dans la rue un type prend la fuite tel le T1000 dans Terminator, un fourgon de police débarque sans faire de bruit. L’un des flics se lance à la poursuite du fuyard mais il n’a aucune chance. Il réapparaîtra d’ailleurs bredouille quelques minutes plus tard. Le reste du fourgon se charge de ramener le calme du côté du restaurant et la situation est rapidement sous contrôle.
Alors que je suis en phase de relecture, un jeune homme s’assoit alors à ma table. Il commence par me dire que j’ai une belle montre, ce qui avec du recul n’était pas vrai du tout. Originaire du Brésil, il est coiffeur à Paris. Concentré dans mon mail, je ne réalise pas que je suis en train de l’exciter pour rien lorsque j’accepte sa proposition de m’ajouter sur Facebook afin « que l’on se revoit », sans réaliser qu’il est en train de me draguer. Ne me jugez pas ! Nous sommes début 2010, c’est encore les débuts de Facebook et j’étais un peu fier d’y ajouter quelqu’un que je venais de rencontrer en voyage. Je n’ai rien vu de tendancieux jusqu’à ce que la conversation se termine précipitamment sur un « Ah merde ! » lorsque l’expression ex copine fut prononcée.

Quelques minutes plus tard, alors que mon mail est envoyé et que l’Happy Meal a rejoint mon estomac, un attroupement s’est formé à une dizaine de mètres de là. J’ai mal au ventre mais je décide tout de même de me rapprocher de la scène, mon Iphone 3Gs en main, tel un reporteur petit con des temps modernes.
Très vite, une des personnes du public me prend à partie en me reprochant de vouloir filmer. Il m’insulte tandis que de nombreux collègues journalistes se régalent du spectacle avec leur appareil en main. Mon nouveau copain utilise la sienne pour me pousser au niveau du visage, sous les cris de sa copine, qui a plus l’air de l’engueuler lui que moi. A cette époque, le carton rouge de Zidane à la coupe du monde 2006 est encore dans toutes les têtes. Ne me jugez pas. Mais dans ce qui pourrait ressembler de loin à un réflexe, je me lance dans un coup de boule hasardeux qui se contente de frôler lamentablement la cible. J’enchaîne malgré tout, un peu vexé sûrement, avec une baffe qui repousse suffisamment l’assaillant pour que sa copine lui serve d’excuses pour ne pas retourner au front. Je décide rapidement de quitter les lieux, en compagnie de mon mal de ventre.

Plage Surfers Paradise
Surfer Paradise vous dites ?

La fin de soirée, au paradis des surfeurs, ressemble plus à un cauchemar. Plus j’ai mal au ventre, moins j’arrive à me rappeler où est garée la voiture.
Après de longues minutes de recherches, j’aperçois trois filles sortir d’une boite au détour d’une rue. Elles ne vont pas forcément m’aider à grand chose mais c’est quand même trois filles…
Excuse me, dis-je en arrivant dans leurs dos.
Trois hommes se retournent. Trois hommes du genre qui se foutent pas mal de ne pas être parfaitement crédibles déguisés en femmes. Avec des rires bien graves pour les accompagner.
Alors que j’essaie de sortir une phrase pour le principe, les rires se font plus insistants. C’est évident qu’ils savent que je sais qu’ils savent que je me suis trompé et je laisse tomber ma prétendue question dans la foulée.
Finalement de retour dans la voiture, Julien se prélasse dans l’habitacle de notre berline.

-Il a encore chopé Yoh ?
-J’imagine que oui…

Voici ce qu’écrivait l’individu en question sur Facebook au sujet de la blonde qui apparaissait en sa compagnie dans son album photos « Surfers Paradise ».

Bah tu sais, la Toyota Corolla je l’aime bien et j’y tiens mais bon… je suis pas non plus contre le fait d’atterrir dans un appart’ de grand standing, collé à la mer, avec piscine, marbre et fontaines intégrées et de m’endormir avec la vue sur la lune et son reflet sur l’océan… Alors c’est vrai j’ai accepté l’invitation (et le pire dans l’histoire c’est que je l’ai pas accepté pour les raisons que je viens de te donner, ça c’était juste le bonus).

Individu ne maîtrisant pourtant qu’à peine les rudiments du surf.

Thibaut Schweppes

Passionné par les parcs d'attractions, le catch et les road trips à travers le monde, je voyage plusieurs mois par an depuis 2009.

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