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Lettre à mon Grand-père

Lettre écrite il y a 10 ans. À l’époque, j’avais 18 ans.

Grand-père,
peu importe où tu ères.
Peut-être là haut comme beaucoup se l’imagine,
ça me gène,  car pour moi t’es sous terre et ce pour la nuit des temps.
Il me reste l’écriture comme seul pansement,
alors je t’écris, pour que la douleur parte, il serait temps.
8 ans après , la plaie tarde à cicatriser,
j ‘ai croisé  ton regard inanimé,
jeune et pourtant rien à m’expliquer.
Dès les premiers cris j’ai tout compris .
Course folle pour la vie, tous s’affolent, la panique gagne les esprits.
Mais moi, j’ai croisé ton regard, c’est trop tard, j’ai compris.
Aussi naturel que de respirer l’air,
en face de la mort tout devient clair.
Et pourtant, en parler gène quand la mort nous fait face.
J’en ai fait des cauchemars et depuis j’ai peur qu’avec le temps ton image s’efface.
J’écris ces quelques mots, espérant que la douleur cesse enfin de me ronger.
On n’apprend pas aux jeunes comment faire face à la mort, on préfère ne pas y songer.
Mais quand je pense à la femme que t’as quitté,
vous qui aviez promis de toujours vous aimer,
la mort vous a séparé. 
Grand père tu l’as laissé.
Et lassé, ce n’est plus une vie que de se coucher,
dans un lit vide où la mort a frappé.
Alors j’ose rêver, qu’elle puisse un jour te retrouver pour l’éternité
Et j’aimerais croire, pour vous, même si pour moi c’est risqué.
Moi j’ai rien mérité, j’espère juste avoir un peu hérité,
d’un homme qui pour sa famille a tout sacrifié.
40 ans de douleur à travailler pour ramener tous les soirs à manger.
Grand père, quand t’as chuté, ces lâches t’ont laissé tomber.
Accident de travail, coma, indemnités refusées, retraite prématuré.
Bosser toute sa vie et ne pas pouvoir en profiter.
Procès, argent économisé, crise cardiaque. Tout est terminé.

Mon dernier et unique passage à l’église remonte au jour de ton enterrement.
À les entendre, tout allait être plus beau pour toi maintenant.
J’étais bien le seul à rire de ces conneries.
Tous essayaient de ne plus pleurer en tentant d’imaginer ta nouvelle vie.
J’ai jeté la rose sur ton cercueil et chialé,
parce qu’au fond, elle est bien triste la réalité.
Grand père, maintenant on adule des gamins comme moi, 
qui ont tenu trois mois dans un chateau à chanter.
Toi t’as bon dos avec les années que t’as passé à bosser sur les chantier.
Et tu me diras, c’est quand même con d’aimer les siens toute sa vie,
pour au final, laisser un souvenir qui les rends tristes toutes les nuits.

 

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